Le 11 mai 2020 marquera la fin de la période de confinement et l'entrée dans une période de transition. Les entreprises sont invitées à reprendre leur activité, mais en privilégiant le télétravail et en intégrant à leur organisation de nombreuses mesures d’hygiène et de sécurité.
Les principes généraux de prévention des risques appliqués au cas de covid-19
Des principes inscrits dans le code du travail. Le protocole de déconfinement élaboré par le ministère du Travail s’appuie sur les principes généraux de prévention des risques professionnels inscrits dans le code du travail, à savoir notamment (c. trav. art. L. 4121-2) :
éviter les risques ;
évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
privilégier les mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle.
L’employeur répond ainsi à son obligation de sécurité envers les salariés (c. trav. art. L. 4121-1).
Application à la lutte contre le covid-19. Le télétravail est la première des mesures de protection collective. Il doit être la règle chaque fois qu’il peut être mis en œuvre.
Si la présence sur les lieux de travail est nécessaire, le séquencement des activités et la mise en place d’horaires décalés font partie des autres mesures de protection collectives à adopter. Elles permettent de respecter les règles de distanciation physique. Ces dernières incluent également toutes les dispositions relatives au nombre maximal de personnes simultanément admises dans un espace ouvert (« jauge ») ainsi que la gestion des flux de circulation dans l’entreprise.
Ce n’est que lorsque l’ensemble de ces précautions n’est pas suffisant pour garantir la protection de la santé et de la sécurité des personnes qu’elles doivent être complétées, en dernier recours, par des mesures de protection individuelle, telles que le port du masque.
Les formalités préalables à remplir
Information-consultation préalable du CSE. Dans une entreprise d’au moins 50 salariés, la mise en place des diverses mesures de protection préconisées par le ministère du Travail nécessite, à notre sens, de consulter préalablement le comité social et économique (CSE) au titre de ses attributions santé, sécurité et conditions de travail (c. trav. art. L. 2312-8, 4°). Cette consultation peut se dérouler selon la procédure accélérée définie par deux décrets et une ordonnance du 2 mai 2020 (voir notre actualité du 4 mai 2020).
Mise à jour du document unique d’évaluation des risques. À notre sens, le plan de déconfinement adopté par l’employeur doit être intégré à son document unique d’évaluation des risques (c. trav. art. R. 4121-2).
Le tableau ci-après synthétise les diverses mesures de protection préconisées par le ministère du Travail.
Plan de déconfinement pour les entreprises : synthèse
I. Mesures barrières et de distanciation physique
Se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique (SHA), ne pas se sécher les mains avec un dispositif de papier/tissu à usage non unique
Éviter de se toucher le visage en particulier le nez et la bouche
Utiliser un mouchoir jetable pour se moucher, tousser, éternuer ou cracher, et le jeter aussitôt
Tousser et éternuer dans son coude ou dans un mouchoir en papier jetable
Mettre en œuvre les mesures de distanciation physique : ne pas se serrer les mains ou embrasser pour se saluer, ni d’accolade ; distance physique d’au moins 1 mètre (soit 4m² sans contact autour de chaque personne)
Aérer toutes les 3 heures les pièces fermées, pendant 15 minutes
Désinfecter régulièrement les objets manipulés et les surfaces y compris les sanitaires
Éviter de porter des gants
Rester chez soi en cas de symptômes évocateurs du covid-19 (toux, difficultés respiratoires, etc.) et contacter son médecin traitant (en cas de symptômes graves, appeler le 15)
Afficher ces mesures (point III du plan)
II. Recommandations en termes de jauge par espace ouvert
Nombre de mètres carrés par personne (m²/pers) : 4 m2 minimum (1)
En cas de risque de rupture accidentelle de la distanciation : adoption de mesures complémentaires (ex. : port du masque « grand public »)
III. Gestion des flux de personnes (2)
Mettre en œuvre des plans de circulation incitatifs des salariés et des autres acteurs (ex. fournisseurs), par exemple, dans les lieux de travail pour garantir le respect des règles de distanciation sociale
Informer les salariés des nouvelles règles de circulation et des conditions d’usage des espaces
Informer le public pour les établissements recevant du public (ERP)
Si nécessaire, organiser la présence périodique et ponctuelle des télétravailleurs (3)
Identifier et prévenir les « goulots d’étranglement »
Identifier et prévenir les risques de rupture de la distanciation physique aux entrées et sorties
Gérer les situations particulières (ex. : dépannage)
Gérer les locaux communs (ex. : canaliser l’accès aux distributeurs de boissons et de café)
IV. Les équipements de protection individuelle (EPI)
En dernier recours, lorsqu’il est impossible de recourir à une solution de protection collective de nature technique (ex. : écrans physiques.) ou organisationnelle (ex. : décalage des horaires) ou lorsque cette dernière ne suffit pas à elle seule pour protéger le travailleur
EPI à usage unique : organiser l’approvisionnement constant et leur évacuation
Port du masque obligatoire si l’ensemble des autres mesures de prévention ne permettent pas de garantir la distanciation physique
Autres EPI (ex. : gants) : recommandations identiques au port du masque
V. Tests de dépistage
Aucune organisation par les employeurs de prélèvements en vue d’un dépistage virologique ou d’un test sérologique (4)
VI. Protocole de prise en charge d’une personne symptomatique et de ses contacts rapprochés
Rédaction d’une procédure en collaboration avec la médecine du travail (5)
VII. Prise de température
Contrôle de température à l’entrée des établissements/structures : déconseillé mais possible sous réserve de respecter le code du travail (ex. : adoption d’une note valant adjonction au règlement intérieur) (c. trav. art. L. 1321-5) et le RGPD en n’enregistrant pas les données.
Le cas échéant, le salarié est en droit de refuser le contrôle. Si l’employeur, devant ce refus, ne laisse pas le salarié accéder à son poste, il peut être tenu de lui verser le salaire correspondant à la journée de travail perdue
VIII. Nettoyage et désinfection
Réouverture après confinement : si les lieux n’ont pas été fréquentés dans les 5 derniers jours, appliquer le protocole habituel de nettoyage
Nettoyage quotidien après réouverture : respecter les préconisations du document ED 6347 de l'INRS
(1) Le ministère du Travail donne tous les éléments de calcul à appliquer pour un bâtiment de bureaux avec des exemples. (2) Le ministère du Travail donne de nombreux exemples dans son document. Pour les bureaux, il recommande de privilégier une personne par bureau. À défaut, pour les bureaux partagés, éviter le face-à-face, permettre une distance physique de plus d’un mètre, utiliser si possible des plexiglas en séparation, aération régulière (15 minutes trois fois par jour) (3) Le télétravail doit être mis en place chaque fois que possible. (4) Les entreprises sont invitées à relayer les messages des autorités sanitaires : inviter les salariés présentant des symptômes à ne pas se rendre sur le lieu de travail et à consulter un médecin sans délai, se faire dépister sur prescription de celui-ci et s’isoler, etc. (5) Le ministère du Travail décrit une procédure en 5 étapes.