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Photo du rédacteurJérôme CRUVEILHER

Prime inflation : les modalités de versement par l'employeur

Afin de faire face à la hausse des prix du carburant et de l’énergie, le gouvernement a décidé d'octroyer aux personnes qui perçoivent moins de 2 000 € nets par mois une prime inflation de 100 €. Si la prime inflation est à la charge de l'Etat, pour les salariés son versement incombe à l'employeur, à partir de décembre 2021. Pour se faire rembourser, l'employeur déduira le montant des primes inflation versées de ses cotisations sociales.


Quelles sont les conditions d’éligibilité à la prime inflation ?

Condition d’âge : être âgé d’au moins 16 ans


Un âge minimum est requis pour bénéficier de l’indemnité inflation : être âgé d’au moins 16 ans au 31 octobre 2021.


Cela permet inclure parmi les bénéficiaires tous les jeunes en activité ou inscrits dans une démarche de formation ou d’accompagnement vers l’insertion professionnelle, comme les jeunes en alternance, les stagiaires de la formation professionnelle ou les jeunes en service civique.


Condition d’activité : être employé au mois d’octobre 2021


L’aide est versée par l’employeur au salariés sous réserve qu’ils aient été employés au cours du mois d’octobre 2021 (même s’ils ont quitté l’entreprise depuis).


Condition de rémunération : gagner moins de 2 000 € nets par mois


Les salariés qui ont perçu, au titre de la période courant du 1er janvier au 31 octobre 2021, une rémunération inférieure à 26 000 € bruts bénéficient de la prime inflation (soit 2 600 € brut par mois en moyenne sur la période, ce qui correspond à 2 000 € net par mois avant impôt sur le revenu).


Attention ! L’aide est individualisée, seul le revenu du bénéficiaire est pris en compte, sans considération de l’ensemble des ressources du foyer.


Il n’est pas tenu compte pour apprécier ce plafond de revenus, des abattements pratiqués sur la rémunération au titre de déductions forfaitaires pour frais professionnels, ainsi que des indemnités versées à l’assuré par une caisse de congés payés.


Pour les salariés qui n’ont pas été employés pendant toute la période courant du 1er janvier au 31 octobre 2021, le plafond de 26 000 € de rémunération est réduit à due proportion de la période non travaillée, sans pouvoir être inférieur à 2 600 € bruts, selon la formule suivante : (nombre de jours de la relation de travail/nombre de jours calendaires de la période de référence) × 26 000 €.


En revanche, ce plafond n’est pas proratisé à raison de l’occupation d’un emploi à temps partiel ou à temps non complet.


Remarque : les éventuels éléments de salaire postérieurs à la période d’emploi ne sont pas retenus, qu’elle qu’en soit la cause, hormis les cas de décalage de paie.


Condition de résidence : être résident français


Pour prétendre à l’indemnité inflation, une condition de résidence en France est requise.


Sont ainsi éligibles, les salariés résidant en métropole et dans les DROM-COM de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de La Réunion, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. Les salariés de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon sont également éligibles au dispositif.


S’agissant de l’appréciation de cette condition de résidence, sont éligibles les salariés pour lesquels l’employeur applique le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu (PAS) et qui sont redevables de la CSG sur leurs revenus d’activité, critère apprécié sur le mois d’octobre 2021. Le respect de ce critère sur une partie du mois d’octobre est suffisant.



Qui sont les bénéficiaires de la prime inflation ?

En pratique, s’agissant des salariés du secteur privé, l’indemnité leur est versée sous réserve qu’ils remplissent ces conditions d’âge et de résidence, qu’ils aient été employés au cours du mois d’octobre 2021 (même s’ils ont quitté l’entreprise depuis) et qu’ils ne dépassent pas le seuil de ressources.


Salariés en CDD


Un salarié en CDD peut prétendre à la prime inflation, quelle que soit la durée de son contrat pendant la période courant du 1er janvier au 31 octobre 2021.


Exemples : un salarié ayant un contrat débutant le 1er septembre 2021 et prenant fin le 15 octobre 2021 est éligible, tout comme celui dont le contrat de travail débute le 18 octobre et se termine le 22 octobre. En revanche, le salarié titulaire d’un CDD du 1er janvier au 24 septembre 2021 n’a pas droit à l’indemnité.


Anciens salariés


Même si le contrat de travail est rompu, l’employeur pour lequel le salarié travaillait au mois d’octobre 2021 doit lui verser l’indemnité dans les mêmes conditions que pour les autres salariés. L’employeur doit également verser l’indemnité aux anciens salariés auxquels il verse en octobre 2021 une allocation de préretraite d’entreprise (même lorsque le contrat de travail est rompu).


Remarque : les absences, rémunérées ou non, du salarié durant le mois d’octobre sont sans incidence sur le bénéfice de l’indemnité


Salariés absents


Même si le salarié est absent pendant tout ou partie du mois d’octobre 2021, et ce quel que soit le motif de cette absence, l’employeur doit lui verser l’indemnité dans les mêmes conditions que pour les autres salariés.


Travailleurs handicapés


Les travailleurs handicapés bénéficiant d’un contrat de soutien et d’aide par le travail bénéficient de l’indemnité dans les mêmes conditions que les autres salariés.


Mandataires sociaux rémunérés


Les mandataires sociaux non titulaires d’un contrat de travail (gérants minoritaires de SARL, les dirigeants de SAS ou de SA) reçoivent l’indemnité de l’entreprise qui leur verse une rémunération au titre de ce mandat social pour le mois d’octobre 2021.


Alternants et stagiaires


Les élèves et étudiants en formation en milieu professionnel ou en stage reçoivent l’indemnité de l’employeur avec lesquels ils sont liés par une convention de stage, au cours du mois d’octobre 2021, dès lors qu’il leur verse un montant de gratification supérieur supérieure à la gratification légale minimale.


Remarque : le législateur impose le versement obligatoire d’une gratification pour tous les stages en entreprise d’une durée supérieure à deux mois consécutifs ou, au cours d’une même année scolaire ou universitaire, supérieure à deux mois consécutifs ou non. En deçà de cette durée, le versement d’une gratification reste facultatif. À défaut de convention de branche ou d’accord professionnel étendu prévoyant un montant de gratification plus favorable, le stagiaire doit percevoir, par heure de travail, une gratification au moins égale à 15 % du plafond horaire de la Sécurité sociale.


Salariés exclus du versement par l’employeur


Sont en revanche exclus :

  • les salariés des particuliers employeurs, l’indemnité leur étant versée directement par l’Urssaf ;

  • les salariés absents titre d’un congé parental d’éducation pendant la totalité du mois d’octobre, pour lesquels l’aide est versée par la CAF.

  • les salariés expatriés en sont exclus. En revanche, les salariés frontaliers sont éligibles à l’indemnité qu’ils percevront l’indemnité de l’administration fiscale.

  • les non-résidents en France dont la non-résidence est appréciée durant la totalité du mois d’octobre 2021.


Quel est le montant de la prime inflation ?

Le montant de l’indemnité inflation est, dans tous les cas, égal à 100 € par bénéficiaire.


Il n’est pas réduit en fonction de la durée du contrat de travail, ni en fonction de la durée du travail prévue au contrat.


Quelles sont ses modalités de versement de la prime par l’employeur ?

A la charge de l’État, la prime inflation est versée aux salariés par leur employeur qui les ont employés au cours du mois d’octobre 2021. En pratique, l’employeur verse l’indemnité inflation à ses salariés courant décembre 2021 et, sauf impossibilité pratique, au plus tard le 28 février 2022.


Elle est inscrite sur une ligne dédiée du bulletin de paie sous le libellé « Indemnité inflation – aide exceptionnelle de l’État ».


Un principe : un versement automatique de la prime inflation par l’employeur


L’employeur doit verser automatiquement l’indemnité inflation aux salariés remplissant les conditions d’éligibilité (condition d’âge, de résidence et de revenus) et employé en CDI ou CDD d’une durée minimale d’un mois, au titre d’un ou plusieurs contrats dont la durée cumulée atteint au moins 20 heures au cours du mois d’octobre 2021 ou, lorsque les contrats ne prévoient pas de durée horaire, d’au moins 3 jours.


L’aide est également versée automatiquement par les employeurs à leurs anciens salariés auxquels ils ont versé, en octobre 2021, des avantages de préretraite.


Des exceptions : versement uniquement sur demande pour certains salariés


Le versement de l’indemnité inflation se fera sur demande du salarié éligible auprès de son employeur pour :

  • les salariés titulaires d’un CDD de moins d’un mois dont la durée cumulée du travail sur le mois d’octobre 2021 est inférieure à 20 heures (ou 3 jours pour les contrats ne mentionnant pas de durée horaire),

Attention ! Les deux conditions étant cumulatives, si le CDD est inférieur à un mois mais pour lequel 22 heures ont été effectuées au mois d’octobre, le versement de l’indemnité est automatique. Idem pour un CDD d’au moins un mois mais pour lequel 12 heures ont été effectuées au mois d’octobre.

  • Les salariés titulaires d’un CDI dont la durée cumulée du travail sur le mois d’octobre 2021 est inférieure à 20 heures (ou 3 jours pour les contrats ne mentionnant pas de durée horaire),

  • aux stagiaires en entreprise percevant la gratification légale minimale,

  • aux agents publics civils et militaires en disponibilité ou en congé de mobilité,

  • aux salariés exerçant une activité accessoire, au titre de cette activité, lorsqu’ils sont éligibles,

  • aux collaborateurs occasionnels de service public (pour une tâche précise ou une activité accessoire),

  • aux journalistes pigistes,

  • aux intermittents et techniciens du spectacle.


Plusieurs cas particuliers : salariés multi-employeurs ou exerçant d’autres activités


Lorsque le salarié est également susceptible de bénéficier de l’indemnité versée par un organisme (Urssaf, Caf, etc.) au titre d’une activité indépendante, d’un mandat social ou d’une autre forme d’activité, il doit en informer le ou les employeurs susceptibles de lui verser cette indemnité afin qu’ils ne procèdent pas à ce versement.


Sont dans ce cas de figure, les salariés ayant exercé une activité non salariée au mois d’octobre 2021, les salariés de particuliers employeurs qui sont également employés chez un employeur classique et les salariés en congé parental d’éducation à temps complet.


En outre, dès lors qu’un salarié considère ne pas être éligible au dispositif, il doit en informer son (ses) employeur(s) afin que celui-ci (ceux-ci) ne procède(nt) pas au versement de l’indemnité.


Enfin, si les salariés multi-employeurs dont la durée cumulée de travail excède 20 heures au mois d’octobre peuvent prétendre au versement automatique de l’indemnité inflation auprès de plusieurs employeurs, ils ne peuvent recevoir qu’une seule indemnité. Ils doivent donc identifier l’employeur qui doit leur verser l’indemnité selon les règles de priorité suivantes :

  • en priorité celui auprès duquel ils sont toujours employés à la date du versement ;

  • s’ils sont toujours employés par plusieurs employeurs, celui avec lequel la relation de travail a commencé en premier ;

  • si plusieurs employeurs sont compétents, celui avec lequel ils ont eu au cours du mois d’octobre 2021 le contrat de travail dont la durée était la plus importante lorsque la relation de travail avec l’ensemble de ces employeurs a été interrompue,

  • si les durées de travail étaient identiques, celui avec lequel la relation de travail s’est terminée en dernier.

Puis, le salarié doit prévenir les autres employeurs de ne pas leur verser l’indemnité.


Ces dispositions s’appliquent dans les mêmes conditions aux mandataires sociaux lorsque ces derniers peuvent bénéficier de l’aide au titre de plusieurs mandats.


Attention ! L’employeur ne peut être tenu responsable d’avoir versé l’aide à un salarié qui ne remplirait pas les conditions d’éligibilité ou qui serait également éligible à un autre titre lorsque le salarié ne l’a pas informé de sa situation.


L’employeur doit-il informer ses salariés ?

L’employeur est tenu de fixer un délai de signalement à respecter par tous ses salariés (et ses ex-salariés qui ont travaillé dans l’entreprise en octobre 2021 mais qui l’ont quitté depuis) d’un élément que les priveraient d’un versement automatique de la prime inflation par l’employeur ou les obligeraient à stopper le versement auprès de son ou de ses employeurs.


À défaut de réponse du salarié dans le délai imparti, l’employeur doit procéder au versement de l’indemnité et n’est pas alors tenu responsable du double paiement.


28 février 2022, date limite de versement de la prime inflation

La prime inflation doit être versée par l’employeur dès le mois de décembre 2021 et au plus tard le 28 février 2022.


Les personnes qui n’ont pas bénéficié du versement de l’aide au 28 février pourront le demander à l’employeur. L’employeur est alors tenu de verser l’aide, après vérification de l’éligibilité, dans un délai de 30 jours à compter de la demande.


Remarque : les entreprises pratiquant le décalage de la paie peuvent verser l’indemnité en décembre avec la paie de novembre, en janvier avec la paie de décembre ou, au plus tard, en février avec la paie de janvier.



Quelles sont les modalités de compensation pour l’employeur ?

Les employeurs bénéficieront d’un remboursement intégral du montant de l’indemnité inflation versée, par imputation des montants versés sur les cotisations sociales dues à l’organisme de recouvrement dont ils relèvent (Urssaf ou MSA) dès l’échéance de paiement la plus proche suivant le versement de l’aide, après application de toute autre exonération totale ou partielle.


Si le montant de l’indemnité excède le montant des cotisations dues aux organismes de recouvrement, la part excédant les cotisations sociales dues s’imputera sur les sommes dues au titre des échéances suivantes ou donnera lieu à un remboursement en faveur de l’employeur.


Attention aux contrôles Urssaf !


Des contrôles de l’Urssaf pourront avoir lieu afin de vérifier que les sommes déduites des cotisations sociales par les employeurs n’excèdent pas les aides versées aux salariés éligibles. Tout manquement constaté par les contrôleurs Urssaf donnera lieu à une demande de paiement.


Quel est le régime social et fiscal pour le salarié ?

L’indemnité inflation est totalement exonérée de cotisations et de contributions sociales d’origine légale et conventionnelle et d’impôt sur le revenu.


Remarque : afin d’éviter que le versement de la prime inflation ne conduise à retirer le bénéfice des minimas sociaux aux personnes qui en sont bénéficiaires, l’aide exceptionnelle ne sera pas prise en compte pour le calcul des revenus et ressources ouvrant droit aux allocations, prestations et avantages contributifs ou non contributifs, ni pour déterminer leur montant lorsque le droit est ouvert.


Les conséquences d’un manquement ou d’une erreur pour l’employeur

Les aides indûment perçues, notamment lorsque les bénéficiaires ont reçu plusieurs versements de différents débiteurs, sont reversées directement par leur bénéficiaire à l’Etat.


Elles peuvent aussi faire l’objet d’une récupération selon les règles et procédures applicables en matière de créances étrangères à l’impôt et au domaine.

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