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Quelles solutions financières et opérationnelles pour les entreprises dans le contexte post-Covid ?

Une visioconférence a été organisée le 6 octobre dernier par Option Finance, en partenariat avec Euler Hermes et Tikehau Capital sur le thème des solutions financières et opérationnelles pour les entreprises dans le nouveau contexte post-Covid 19. En voici les principaux enseignements.


La crise du Covid-19 a accentué les fragilités déjà présentes

Avant la survenance de la crise sanitaire et économique liée à la pandémie du Covid-19, un « mur de fragilité(s) » avait déjà été identifié par les spécialistes du financement des entreprises françaises. Ces fragilités résultent de la dette financière élevée de l’économie française dans sa globalité. De plus, les taux de marge orientés à la hausse depuis 2017 étaient parfois qualifiés d’illusoires, car artificiellement augmentés par les effets de mesures fiscales (CICE notamment), alors qu’à l’international les entreprises françaises témoignaient de conditions dégradées. Le fait que la contraction de - 4,7 % du PIB mondial attendu au titre de 2020 pourrait être 2 fois plus élevée en France n’est donc pas une surprise pour un certain nombre d’observateurs.


L’après PGE : quid des perspectives d’aides pour les entreprises françaises auprès des banques ?

Les banques ont d’ores et déjà commencé à resserrer leurs conditions de crédit aux entreprises non financières selon une étude de la Banque centrale européenne (bank lending survey de la BCE ; https://www.ecb.europa.eu/press/pr/date/2020/html/ecb.pr200714~d6b166d17c.en.html, juillet 2020). Si bien que les acteurs économiques du financement estiment qu’il y aura un monde d’avant les PGE (prêts garantis par l’État) et un monde d’après les PGE, car les conditions de crédit vont sensiblement se resserrer lorsqu’il ne s’agira plus de financer la trésorerie à court terme mais d’assurer à nouveau le « vrai financement » destiné à permettre l’éclosion des nouveaux projets des entreprises.

En effet, le PGE est finalement un dispositif destiné à compenser l’absence d’activité, à donner/financer du temps pour les entreprises (c’est d’ailleurs pour cela que ce sont les États qui ont financé) mais n’a pas vocation à assurer le financement des projets d’investissement.

La question de l’après PGE va donc se poser rapidement pour les entreprises qui veulent porter ces projets de croissance ou de transformation dans un contexte où les banques souhaitent davantage limiter leur prise de risques et sélectionnent plus drastiquement les dossiers des entreprises demandeuses de financement.


Dichotomie entre les entreprises qui ont accès aux marchés de capitaux et celles qui ne l’ont pas

Dans ce contexte, la dichotomie existante entre les entreprises qui n’ont pas accès aux marchés de capitaux et les autres est accrue. En effet, ces dernières sont « défavorisées » de ce point de vue car les financements qu’elles ne peuvent obtenir que principalement auprès des banques risquent d’être réduits, les banques ayant elles-mêmes, comme en 2008, des difficultés à injecter des capitaux. Finalement, la crise du Covid-19 (crise sanitaire et économique) est synonyme, comme toutes les crises économiques, d’accroissement des inégalités entre les personnes mais aussi entre les entreprises.


La liquidité, et après ?

Après avoir géré les problèmes de liquidités des entreprises, il n’y aura certes pas de retour à la normale immédiatement, mais certaines entreprises qui avaient mis leurs projets de croissance de côté pendant la crise vont finalement devoir les financer (on peut penser aux projets de transformation digitale, d’IA, etc.). Ces financements s’inscrivent sur une durée plus longue que les PGE (8 ans, par exemple) et, contrairement aux PGE, ils ne pourront pas être sans condition de rentabilité.


Quelles solutions ?

Pour remédier à la dichotomie précitée, l’asset management (gestion d’actifs et d’investissement) figure en principe parmi les solutions destinées à financer l’économie réelle et à flécher l’épargne mondiale vers une partie des entreprises de taille moyenne.

L’affacturage reste également une solution clef pour le financement des entreprises mais… suppose l’existence de factures, évidemment. Or, en cette période d’insuffisance temporaire d’activité encore faut-il avoir des factures à injecter dans ce dispositif. La possibilité grâce à la garantie de l’État, de recourir à l’affacturage dès la prise de commandes, sans attendre la livraison ni l’émission des factures correspondantes peut améliorer cet aspect (loi 2020-935 du 30 juillet 2020, JO du 31, art. 41 ; loi 2020-289 du 23 mars 2020, art. 6 modifié ; arrêté du 4 septembre 2020, JO du 8, texte n° 5).

Les acteurs économiques du financement ont un rôle à jouer dans les financements des projets d’investissement évoqués ci-avant et qui été reportés pendant la crise. Les solutions proposées par les investisseurs peuvent consister notamment à ne prendre que des participations minoritaires dans les entreprises en forte croissance, sans les racheter afin de laisser la main à leurs dirigeants et de les accompagner dans leur stratégie de croissance voire de croissance à l’international. Sur ce dernier point, la fragmentation/segmentation du marché européen reste un frein au développement des entreprises européennes. La meilleure mesure de la croissance restant souvent le retour sur capital investi (ROI) qui fait la valeur de l’entreprise plus que sa cotation en bourse, il reste essentiel que les investisseurs s’attachent à la qualité intrinsèque du management de l’entreprise et à son positionnement en termes d’offre(s) car ce sont ces éléments qui font la différence.

Généralement, les entreprises ont tout intérêt à se tourner vers la complémentarité des solutions plutôt que vers une seule solution de financement.


Effet « boomerang » sur 2021

Les financeurs s’attendent actuellement à un effet « boomerang » sur 2021, conséquence directe des incertitudes de 2020 liées au Covid mais aussi au contexte des élections américaines ; ces incertitudes pouvant persister jusqu’en 2022 en France puisque s’ajouteront au contexte difficile les élections présidentielles. Cependant, le facteur politique pourra aussi peser, cette fois-ci de manière positive, sur la confiance des acteurs économiques via l’identification de nouvelles sources de croissances comme de nouveaux grands projets d’infrastructures, de digitalisation ou de transformation écologique.

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